Séminaire 2023-2024


Le GIEC entre sciences et politique

le vendredi 26 Janvier 2024, 18h30, amphi Durand sur le campus de Jussieu

avec Marc Delepouve (Sciences, techniques et sociétés, CNAM) et Yamina Saheb (Energie, autrice principale du GIEC, Openexp).

Ce séminaire reviendra sur les principaux résultats de la thèse de Marc Delepouve qui a étudié la genèse et le fonctionnement du GIEC ainsi que ses rapports avec le et la politique. Le souci de quantification très précise de ce qui se passait mais aussi de ce qui pourrait se passer à l’avenir, a été une réponse aux demandes politiques de données chiffrées pour fonder des politiques nouvelles. En même temps, tout ce qui n’était pas quantifiable et modélisable sortait des domaines pris en compte ou donnait l’ascendant à certaines approches. Cette interaction entre le GIEC, les sciences et les États questionne le passage des savoirs scientifiques à l’action politique. Yamina Saheb, autrice principale du groupe 3 du GIEC, spécialiste de l’énergie, viendra discuter cette étude et faire un retour d’expérience sur les rapports entre le GIEC et les politiques.


Les nouveaux OGM en agriculture: une certaine relation au vivant

le mardi 13 février 2024Maison de l’Île-de-France, Cité universitaire internationale, Paris 14e.

avec Isabelle Goldringer (généticienne des populations, INRAE), Daniel Evain (agriculteur, membre de la FNAB et de la Confédération paysanne) et (sous réserve) Eric Meunier (Inf’OGM).

Face aux enjeux environnementaux, sociaux et sanitaires, l’agriculture doit évoluer pour produire sous les nouvelles contraintes climatiques tout en préservant l’environnement, une alimentation saine et en quantité pour la population ainsi qu’un ensemble d’autres services écosystémiques. Beaucoup promeuvent une transition agroécologique, qui recouvre en réalité deux modèles très opposés : celui de l’agroécologie paysanne qui soutient l’autonomie des producteur.ices et une vision systémique de l’agriculture ; et celui des solutions technologiques (robotique, numérique, génomique) qui permettraient de tout contrôler. En particulier, les nouvelles techniques d’édition du génome (ou nouveaux OGMs) ont été promues avec intensité par des entreprises de sélection et de biotechnologie ainsi que des laboratoires publics. Ils ont aussi agi pour casser la réglementation européenne sur les OGM qui les concernait jusqu’à maintenant. Dans cette séance, on expliquera de quoi il s’agit et les changements réglementaires qui se préparent, et on discutera des enjeux autour de ces nouveaux OGM et de la relation au vivant dont ils sont porteurs.


Éco-anxiété : enjeu psychologique, social ou politique ?

le mercredi 6 mars 2024, à 19h – Maison de l’Île-de-France, Cité universitaire internationale, Paris 14e.

avec Hao Tam Ho, docteure en psychologie ; Jean-Michel Hupé, chercheur en écologie politique ; Jean Le Goff, psychosociologue et docteur en sociologie et Lena Silberzahn, docteure en science politique.

Les ravages écologiques en cours suscitent, bien légitimement, des émotions intenses et souvent dérangeantes : peur, tristesse, sentiment d’impuissance, culpabilité, mais aussi colère et indignation. Dans les dernières années, le terme “éco-anxiété” est apparu comme un signifiant largement repris à la fois dans les médias et dans la littérature académique. Dans quelle mesure la focalisation sur l’éco-anxiété, ou plus largement sur les affects d’angoisse, participe-t-elle d’une dépolitisation des enjeux et d’une certaine manière de porter la charge de la responsabilité sur les individus ? L’éco-anxiété est-elle compatible avec un projet émancipateur ?


La sobriété : entre décroissance et greenwashing ?

le mercredi 3 avril 2024, 18h30 – Maison de l’Île-de-France, Cité universitaire internationale, Paris 14e.

avec Luc Sémal (chercheur en science politique, Muséum National d’Histoire Naturelle). Animé par Steve Hagimont.

Depuis les années 1970, l’écologie politique se construit sur l’intention d’organiser une autolimitation collective des consommations – et notamment des consommations d’énergies fossiles. Mais l’efficacité ayant ses limites, cette autolimitation collective devrait aussi passer par une transformation sociale visant une répartition équitable des ressources et des contraintes. Comment nommer cela ? L’intervention reviendra sur l’invention de l’acception écologiste du mot “sobriété”, dans un sens initialement proche des théories de la décroissance, et sur les effets ambivalents de sa mise à l’agenda depuis 2022 – au risque du greenwashing.


Les entreprises : problème ou solution pour la transition écologique ?

le jeudi 2 mai 2024, 18h30 – Maison de l’Île-de-France, Cité universitaire internationale, Paris 14e.

avec Eléonore Mounoud (éco-gestion, Centrale-Supélec), Harold Levrel (économiste, AgroParistech) et (sous réserve) une actrice du monde de l’entreprise.

D’un côté, les entreprises sont régulièrement pointées du doigt dans les mobilisations écologistes pour leur inaction ou, pire, leurs stratégies visant à retarder l’action environnementale. De l’autre, les politiques publiques tentent d’engager une transition qui ne soit pas nuisible à la compétitivité des entreprises. Mais de quelles entreprises parle-t-on ? Y a-t-il, dans l’essence même de l’entreprise, une contradiction avec la prise en compte des enjeux écologiques ? Y a-t-il un avenir écologique pour les entreprises et si oui quelles stratégies sont envisageables ?


Quelle place pour les technologies dans une santé post-croissance ?

Avec Noémie Merleau-Ponty (chercheuse en anthropologie et sociologie, IRIS, EHESS), et un.e autre invité.e.
animé par Anne Fenoy (philosophie, Sorbonne Université), Alice Meunier (Biologie, ENS Ulm) et Pierre-Luc Bardet (Biologie, Sorbonne Université).

le lundi 27 mai 2024,19h – Maison de l’Île-de-France, Cité universitaire internationale, Paris 14e.

Les catastrophes écologiques en cours nous incitent à envisager un monde où l’impact des activités humaines diminue considérablement. La décroissance des activités humaines et la sobriété dans nos modes de vie, particulièrement chez les riches occidentaux, deviendront une nécessité. Il est parfois avancé que le secteur de la santé est trop vital pour envisager de mettre un terme à l’innovation technologique.

Au cours de ce séminaire, nous aborderons la question de la place des biotechnologies et du numérique dans nos systèmes de santé, ainsi que les promesses qu’ils véhiculent. Nous nous interrogerons sur leur pertinence dans un monde désirable, où la préservation de la santé humaine va de pair avec le respect des écosystèmes et des limites planétaires.


à venir, plus tard en 2024 :

Les modèles sont-ils politiques ? Du contrôle de l’avenir et de ses limites

Animé par Aline Vernier (Physique, ENSTA), Marie Chollat-Namy (biologie, ENS) et Clément Lasselin (philosophie, Sorbonne Université)

Intervenant·e : en attente de confirmation

Les modèles foisonnent aujourd’hui, à l’exemple des différentes trajectoires climatiques élaborés par le GIEC, ou des scénarios de transition énergétique de RTE ou de l’ADEME en France. Cette séance visera à décrypter l’origine des modélisations, leur importance dans les argumentations actuelles, la lisibilité de leurs présupposés technologiques et sociaux, et leurs effets politiques.

Démographie et écologie

Animé par Marie d’Angelo (physique, INSP) et Guillaume Roux (physique, U. Paris-Saclay)

Intervenant·e : en attente de confirmation

Une lecture de la situation écologique et climatique présente renvoie les désastres en cours à la surpopulation. Ce niveau de population et la croissance projetée sert en même temps de socle à la défense de solutions technologiques, en agriculture par exemple pour nourrir la planète. Les relations entre l’écologie et la démographie sont en fait étroites. Par une analyse historique de ces relations, par un point sur les relations actuelles entre le niveau de population et les pressions sur la planète, et par une tentative de prospective, ce séminaire entend éclairer les débats fréquents sur le peuplement humain de la Terre.

Le travail dans un monde décroissant

Animé par Marie-Anne Arrio (Physique, Sorbonne Université) et Emmanuel Ferrand (mathématiques, Sorbonne université)

Intervenant·e : en attente de confirmation

La décroissance apparaît désormais dans le débat public comme une alternative qui pourrait sortir nos sociétés de l’impasse écologique actuelle. Loin d’équivaloir à la récession, elle est théorisée, depuis les années 1970, comme un projet politique qui engage non seulement une remise en cause du fonctionnement actuel de l’économie, guidé par le profit monétaire et reposant sur l’expansion, mais aussi de nouveaux modes de vie, qu’Ivan Illich a qualifié de « conviviaux ». Les techniques et les productions y seraient réversibles, compréhensibles par un apprentissage accessible à toutes et tous, et au service de décisions collectivement prises. Dans un monde décroissant, moins complexe et moins gourmand en énergie et en productions gadgets, quelles formes prendrait le travail ? Travaillerait-on moins ou davantage ? Est-ce que réduire à présent le temps de travail ouvrirait vers la décroissance ?