Séances 2023-2024

Pourquoi les scientifiques du climat ne sont pas écologistes

par Anna Vayness, diplômée de master à l’EHESS

le lundi 17 juin 2024

Un titre provocateur pour réfléchir au-delà du débat sur l’utilité ou non des résultats de la climatologie ainsi que de son empreinte environnementale : l’écologie politique et les sciences climatiques sont-elles compatibles ? À partir d’un travail de recherche de master de sciences sociales, et de son expérience d’étudiante en sciences climatiques, Anna analysera ainsi l’histoire de cette science, son organisation sociale et politique, ses dépendances matérielles et économiques ainsi que ses fondements philosophiques et épistémologiques. Elle proposera également des perspectives et des pistes d’actions pour tenter de repenser la production de savoirs et les modes d’engagement des scientifiques, et trouver une porte de sortie aux paradoxes qui les traversent. En prenant l’exemple des sciences climatiques, elle espère que cela résonnera avec les expériences dans d’autres disciplines scientifiques. Venez échanger sur ces thématiques, et partager vos doutes, certitudes, émotions, ou stratégies politiques !


Les écolos, les politiques, les juges et les agris : une relation explosive ? Atelier de réflexion sur l’écologie et la démocratie à partir de l’exemple des Pays-Bas

par Ariane Cornerier, doctorante en histoire, et Steve Hagimont, historien, à l’UVSQ.

Mardi 19 mars 2024

Ce séminaire partira de la situation politique aux Pays-Bas, vu comme terrain d’expérimentation d’une transformation écologique rapide suscitant de vives réactions. Ariane Cornerier, historienne et politiste, présentera l’histoire des politiques environnementales aux Pays-Bas jusqu’à ses revirements récents. Steve Hagimont, historien, exposera les grandes lignes de la récente “crise de l’azote” dont un des résultats est la forte remontée politique de l’extrême-droite dans le pays. Une discussion collective s’ensuivra sur l’écologisation des sociétés, éclairée en particulier par le récent mouvement des agriculteurs en France.


Comment agir de manière éthique et responsable face au greenwashing systémique ?

par Emmanuel Ferrand, enseignant-chercheur en mathématiques à Sorbonne Université.

Lundi 15 janvier 2024

Deux et demi ans après une intervention sur le greenwashing structurel, Emmanuel Ferrand reviendra sur les mots de l’écologie politique et leur (més)usage. A l’époque, Emmanuel avait, entre autres choses, tenté de cerner le domaine de la pensée “écomoderniste” et son influence dans nos institutions. Aujourd’hui, il semble que la situation a suffisamment évolué pour faire un nouveau point. Le vocabulaire de l’écologie au sens large (sobriété, low-tech, … voire parfois le mot “décroissance”!) , souvent issus des milieux militants et activistes est aujourd’hui devenu ubiquitaire, dans la communication des entreprises, dans les programmes mis en place par nos institutions d’enseignement, dans le financement européen de la recherche, et même dans certains cercles de technocrates en proximité immédiate des décideurs politiques (cette affirmation est basée sur un ensemble varié d’observations de terrain). Force est de constater aussi que l’essentiel de ces discours sont portés par des personnes parfaitement sincères, et dont les idées ne sont pas arrêtées, mais bien “en transition”. Après ce constat, Emmanuel tentera donc d’aborder la question suivante : Comment pouvons-nous ( nous les écopolien.ne.s et assimilé.e.s) nous comporter et agir de manière pragmatique, éthique et responsable dans cette vague qui nous submerge ?


Sauver les terres agricoles et la démocratie: la mobilisation contre Europacity dans le Triangle de Gonesse dans la banlieue parisienne

par Stéphane Tonnelat est chercheur au CNRS (section 39) au laboratoire UMR LAVUE.

Captation BD par Yug : https://ecopolien.org/2024/01/la-mobilisation-contre-europacity-dans-le-triangle-de-gonesse-un-seminaire-de-stephane-tonnelat-dessine-par-yug/

Vendredi 15 décembre 2023

Depuis 2011, un groupe de citoyens s’oppose à l’artificialisation des terres agricoles du Triangle de Gonesse. Ces 700 hectares coincés entre l’autoroute A1 et les aéroports de Roissy et du Bourget sont les derniers restes de la Plaine de France au sein de la tâche urbaine de l’agglomération parisienne. Longtemps resté sans projets à cause des nuisances sonores dues aux avions et des risques d’accidents, le Triangle fait l’objet d’un projet d’urbanisation par la région et l’Etat depuis 2010, sous la forme d’une Zone d’aménagement concertée (ZAC) de 280 hectares desservie par la ligne 17 Nord du Grand Paris Express et tirée par un projet privé appelé EuropaCity. Porté par les groupe Auchan et Wanda (Chine), ce centre commercial et de loisirs promettait un investissement de 3 milliards d’euros et la création de plus de 10 000 emplois.
En 2019 après presque dix ans de mobilisation, les opposants ont réussi a défaire cet alliance des pouvoirs publics et de ces grands groupes privés, et à obtenir l’annulation du projet EuropaCity par le gouvernement. Comment ont-ils et elles fait? Quelles sont leurs valeurs et leur répertoire d’actions? En suivant John Dewey, nous les qualifierons de “réformistes radicaux.”
Pourtant, la mobilisation n’est pas finie. Le gouvernement s’obstine à construire dans le Triangle une gare en pleins champs alors qu’il ne reste aucun projet à desservir. Quels nouveaux moyens les militants peuvent ils aujourd’hui mettre en œuvre pour empêcher l’artificialisation des terres par une puissance publique qui refuse tout dialogue?

Stéphane Tonnelat a mené pendant 5 ans, entre 2017 et 2022, un terrain ethnographique au sein du Collectif pour le Triangle de Gonesse. Il prépare un ouvrage monographique sur cette mobilisation qui montre la puissance de l’action collective citoyennes et ses limites face à une “machine de croissance” inscrite dans tous les rouages du pouvoir.


Limites et dangers de la vision mécanique-computationnelle du vivant

par Giuseppe Longo et Marie Chollat-Namy, du Centre Cavaillès, ENS Ulm.

Vendredi 1er décembre 2023

Les technosciences, en tant qu’empilement de techniques, se considèrent sans limites : un grand exemple est le cumul de très puissantes techniques extractives qui, pendant deux siècles, nous ont permis d’extraire et transformer de l’énergie, sans une science du système Terre- atmosphère, qui aurait permis d’en comprendre les conséquences (et les limites).
“Il n’y a pas de limites” à ce qu’on peut faire en Intelligence Artificielles, déclarent les experts ; on peut “contrôler l’évolution” par les nouveaux OGM, nous disent des prix Nobel de bio-chimie. Ceci est du scientisme, reconnaît déjà en 1971 A. Grothendieck, un très grand mathématicien, en parlant du livre de J. Monod “Le hasard et la nécessité” (1970), un texte fondateur du géno-centrisme en biologie. On essayera de comprendre en quoi ces deux technosciences de l’élaboration de signes finis (l’IA et la biologie moléculaire géno-centrée) se ressemblent ; en quoi, par des techniques difficiles et de très grande puissance, elles agissent sur nos vies et sur l’écosystème, sans science – car cette dernière a toujours été accompagnée par un “sens des limites”. A partir de ces limites, nous esquissons un travail et un projet de recherche, qui vise des alternatives à la nouvelle alliance entre formalismes computationnels et gouvernance de l’homme et de la nature par les algorithmes et par ces méthodes « d’optimalité » prétendument objectives.

  1. Longo G. (2023), Le cauchemar de Prométhée. Les sciences et leurs limites, Paris, PUF.
  2. Chollat-Namy M., Longo G. (2023) Entropie, Neguentropie et Anti-entropie : le jeu des tensions pour penser le vivant, Entropies, ISTE OpenScience, London.

Promouvoir une consommation durable : le marketing comme solution !

par Beatrice Bellini, maitre de conférences en sciences de gestion, Laboratoire CEROS, Université Paris Nanterre.

Mardi 14 novembre 2023

Le marketing est souvent accusé d’être à la source de la surconsommation. Cette conférence vise à mieux comprendre les objectifs et outils du marketing afin de pouvoir évaluer plus justement son rôle dans la promotion d’une consommation durable et de comportements plus responsables.