Séminaire interne : Limites et dangers de la vision mécanique-computationnelle du vivant
L’atelier Ecopolien se réunira le 1er décembre 2023, pour écouter Giuseppe Longo et Marie Chollat-Namy, du Centre Cavaillès, ENS Ulm.
Les technosciences, en tant qu’empilement de techniques, se considèrent sans limites : un grand exemple est le cumul de très puissantes techniques extractives qui, pendant deux siècles, nous ont permis d’extraire et transformer de l’énergie, sans une science du système Terre- atmosphère, qui aurait permis d’en comprendre les conséquences (et les limites).
“Il n’y a pas de limites” à ce qu’on peut faire en Intelligence Artificielles, déclarent les experts ; on peut “contrôler l’évolution” par les nouveaux OGM, nous disent des prix Nobel de bio-chimie. Ceci est du scientisme, reconnaît déjà en 1971 A. Grothendieck, un très grand mathématicien, en parlant du livre de J. Monod “Le hasard et la nécessité” (1970), un texte fondateur du géno-centrisme en biologie. On essayera de comprendre en quoi ces deux technosciences de l’élaboration de signes finis (l’IA et la biologie moléculaire géno-centrée) se ressemblent ; en quoi, par des techniques difficiles et de très grande puissance, elles agissent sur nos vies et sur l’écosystème, sans science – car cette dernière a toujours été accompagnée par un “sens des limites”. A partir de ces limites, nous esquissons un travail et un projet de recherche, qui vise des alternatives à la nouvelle alliance entre formalismes computationnels et gouvernance de l’homme et de la nature par les algorithmes et par ces méthodes « d’optimalité » prétendument objectives.
- Longo G. (2023), Le cauchemar de Prométhée. Les sciences et leurs limites, Paris, PUF.
- Chollat-Namy M., Longo G. (2023) Entropie, Neguentropie et Anti-entropie : le jeu des tensions pour penser le vivant, Entropies, ISTE OpenScience, London.