Avec le soutien de la MSH-Paris Saclay et de la Maison de l’Ile de France de la CIUP.
2 Décembre 2024 : Mobilités : faut-il encore gagner du temps ?
avec Emmanuel Munch, chrono-urbaniste, université Gustave Eiffel et Julie Bulteau, économiste des mobilités, UVSQ.
Emmanuel Munch est urbaniste et sociologue du temps, au Laboratoire Ville Mobilité Transport (UMR Université Gustave Eiffel – Ecole des Ponts Paris Tech).Il étudie les pratiques de mobilité et les politiques de transport, dans une perspective de bifurcation écologique. Les récentes contestations de projets routiers en France expriment un changement de regard sur la mobilité et la vitesse. Le cas médiatisé de l’A69 Toulouse-Castres, n’est qu’un exemple parmi une cinquantaine de luttes locales recensées sur le territoire. Dans les pays (sur-)industrialisés, il ne semble plus possible de promouvoir de nouvelles infrastructures de transport, au nom de « l’intérêt général » fondé sur la promesse de gains de temps. En empruntant la sortie d’autoroute, Emmanuel Munch propose une réflexion sur les limites du progrès et de la vitesse.
Julie Bulteau est maîtresse de conférences HDR en économie, spécialisée en économie des transports et de l’environnement à l’UVSQ-Université Paris-Saclay. Elle dirige actuellement le Master 2 « Mobilité Durable, Transition et Société » de l’université Paris-Saclay et est membre du comité directeur de l’Association Française d’Economie des Transports. Ses recherches portent principalement sur les déterminants de la demande de mobilité et l’évaluation des politiques et des projets de transport. L’un des objectifs de ses travaux est de caractériser et de comprendre les comportements de mobilité pour activer des leviers et inciter au changement de comportement afin de promouvoir une mobilité durable et inclusive. Dans un contexte de crises multidimensionnelles (énergétique, climatique et sanitaire), Julie Bulteau proposera une analyse sur l’évolution des comportements de mobilité.
Le séminaire sera suivi d’un pot informel et d’une discussion avec le public.
Janvier 2025 : Béton et infrastructures : construction d’une hégémonie en France et en Afrique
avec Nelo Magalhães, chercheur au Centre de Recherche Historique (EHEES) et Armelle Choplin, professeure associée et directrice de l’institut Gouvernance de l’Environnement et Développement Territorial (Université de Genève)
Le premier exposé de Nelo Magalhães proposera de penser la dynamique des grandes infrastructures de transport en France depuis 1945 par une entrée matérielle. A partir de différents exemples historiques, tels des conflits ou des crises, il dépliera les différentes étapes : construction, élargissement et maintenance. Il rattachera ces moments à l’évolution de structures clés du capitalisme français et discutera, enfin, la question de leur pouvoir supposé.
A travers une exploration de la filière du béton en Afrique de l’Ouest et à la frontière Franco-Suisse, Armelle Choplin cherchera ensuite à comprendre comment ce matériau est devenu hégémonique, au point de rendre complexe l’utilisation d’autres matériaux, notamment ceux géo et bio sources comme la terre, la fibre… Il s’agira de saisir comment le béton s’est imposé globalement, grâce à des acteurs politiques et économiques puissants mais aussi en répondant à une forte demande sociale. Et alors qu’il fait l’objet de critiques croissantes en Europe, la demande en béton n’a jamais été aussi forte sur le continent africain. Cette présentation posera la question des possibles alternatives et bifurcations dans le monde de la construction.
Le séminaire sera suivi d’un pot informel et d’une discussion avec le public.
Lundi 10 Février 2025 : La chimie verte est-elle possible ?
avec Alessandra Quadrelli (Chimiste, CNRS – CPE lyon) et Bernardette Bensaude-Vincent (philosophe, historienne et historienne des sciences).
Alessandra Quadrelli est directrice de recherche CNRS à l’Institut de recherches sur la catalyse et l’environnement de Lyon (IRCELYON, CNRS/Université de Lyon 1). Elle travaille sur la conversion, par photocatalyse, du CO2 en alternatives aux carburants fossiles. Depuis ses 5 cours publics « A l’école de l’anthropocène » de l’Ecole urbaine de Lyon en 2023, Alessandra propose une réflexion sur les « chimies situées » : quels avenirs aborder avec quelles chimies ?, en s’inspirant du concept de » savoirs situés » de Donna Haraway, professeure émérite d’histoire de la conscience et d’études féministes.
Bernadette Bensaude-Vincent est philosophe et historienne des sciences, professeure émérite à l’Université Paris 1, membre de l’Académie des technologies et de plusieurs comités d’éthique. Elle aborde plus spécifiquement la chimie dans des ouvrages comme Histoire de la chimie, (co-écrit avec Isabelle Stengers); Matière à penser. Essais d’histoire et de philosophie de la chimie; Chemistry – the Impure Science (co-écrit avec Jonathan Simon); Carbone. Ses vies, ses oeuvres (co-écrit avec Sacha Loeve); Philosophie de la chimie (co-dirigé avec R-E Eastes).
La « chimie » désigne un grand nombre de disciplines de recherche diverses aux applications multiples. Les recherches en chimie ont permis le développement de nombreuses technologies dont l’implantation, notamment industrielle, a eu des conséquences structurantes sur les sociétés humaines (raffinages des ressources fossiles, révolution « verte »), participant à de nombreuses des crises environnementales actuelles.
Du fait de ces impacts importants, les recherches en chimie sont traversées par des modifications nouvelles, engagées par les chercheurs et chercheuses ou d’autres parties prenantes. Sont interrogés à nouveaux frais les objectifs politiques et éthiques que la chimie devrait aider à atteindre (par exemple en se concentrant sur les transformations de biomasse), ainsi que les manières à sa disposition pour le faire en termes de communication scientifique et de pratiques.
De nouveaux paradigmes chimiques comme ceux de la « chimie verte », de la « chimie doublement verte », de la « chimie durable », sont ainsi mis en avant, avec les risques associés — notamment d’un « verdissement » qui ne servirait qu’à légitimer des recherches sans interroger leurs impacts environnementaux et sociaux véritables. L’objectif de ce séminaire est de dresser les grandes lignes de ces nouvelles orientations, avec une dimension critique.
Le séminaire sera suivi d’un pot informel et d’une discussion avec le public.
avril 2025 : Néo-public-management et gouvernance par les nombres à la racine de l’inaction climatique, Florian Massip et Gabriel Perez