Séminaire 2020-2021

Ce séminaire est organisée par l’Ecopolien avec le soutien de la MSH Paris-Saclay.


(Re)penser les relations entre les villes et les campagnes

Avec : Sabine Barles, Professeure en urbanisme, laboratoire Géo-Cités, Université Paris 1. Ses travaux de recherche portent sur l’histoire des techniques et de l’environnement urbains (XVIIIe-XXe siècles). Benjamin Dubertrand, Docteur et ATER en anthropologie sociale, laboratoire LISST-CAS, Université Toulouse Jean Jaurès. Il travaille sur l’émergence de nouvelles manières de vivre en milieu rural.

Mardi 4 mai 2021, 17h-19h

Regard croisé entre une urbaniste et un anthropologue sur l’évolution des relations entre villes et campagnes. Tandis que les modes de vie urbains semblent de moins en moins soutenables, les relations entre les villes et les campagnes interrogent, entre prédation, domination, échappatoire ou complémentarité. Cette conférence-débat abordera dans un premier temps la notion de “métabolisme territorial” : quels sont les flux de matières qui entrent et sortent d’un territoire, et notamment d’une ville ? Qu’est-ce que cela dit des dépendances matérielles entre villes et campagnes ? La question de l’évolution des représentations culturelles de la ville et de la campagne sera posée dans un second temps. On discutera en particulier les pratiques mises en œuvre dans certains mouvements de “retour” à la terre.


Sauvés par les sciences et les techniques ? Eclairages sur la conquête spatiale et la géoingénierie

avec Arnaud Saint-Martin, Chargé de recherche, Centre de sociologie européenne, CNRS, EHESS Et Sofia Kabbej, Chercheuse au Pôle Climat, énergie et sécurité de l’IRIS, Co-directrice du projet Climate Security & Peace Project (CS2P) de l’ONG CliMates.

Mercredi 17 mars 2021 à 17h-19h

Les progrès scientifiques et techniques peuvent faire penser que, quels que soient les problèmes que l’humanité doit affronter, une solution existera, permettant de poursuivre la croissance économique et de dépasser les limites physiques et écologiques de la planète. Ces promesses de solutions techniques aux enjeux environnementaux globaux abondent et bénéficient généralement d’une forte couverture médiatique – à l’exemple des rêves spatiaux d’Elon Musk ou de Jeff Bezos, ou des multiples projets de géoingénierie pour agir sur le climat. Ce séminaire souhaite interroger la consistance et les effets de ces promesses. Comment fonctionnent-elles et à quoi servent-elles ? Sont-elles neutres politiquement ? Influencent-elles les actions (ou non-actions) contre le réchauffement climatique et le déclin de la biodiversité ? Ces promesses sont-elles régulées et quelles formes de gouvernance peut-on imaginer pour l’avenir ?


Ecoféminisme et écologie scientifique, des convergences sont elles possibles ?

avec Avec : Jane Leconte Professeur d’Ecologie, Directrice du Laboratoire d’Écologie, Systématique et Évolution et Vice-Présidente Développement Soutenable de l’Université Paris-Saclay et Laure (Game of Hearth), vulgarisatrice et médiatrice scientifique, spécialisée dans les domaines de l’écologie politique, des féminismes et de l’anthropologie de la nature. Elle anime la chaine youtube “Game of Hearth“, et intervient dans divers contextes de médiation, documentation, ateliers.

Mercredi 10 février 2021

Regard croisé entre une philosophe et une écologue. La discussion permettra dans un premier temps de questionner ce qu’est l’écoféminisme, et le positionnement des écoféministes dans l’histoire des luttes, des idées. Nous pourrons alors nous interroger sur ce qu’est l’écologie scientifique, et la place des femmes dans l’écologie scientifique, au travers du prisme de l’influence du patriarcat. Nous pourrons ensuite tenter de définir les points de convergence et de divergence entre écoféminisme et méthode scientifique avant de questionner la place de l’écoféminisme, en tant que scientifique, en relation directe avec les champs de recherche de l’écologie.


Convention citoyenne pour le climat : des sciences au droit, une expérience de démocratie environnementale ?

avec Marta Torre-Schaub, Directrice de Recherche sur le droit de l’environnement et du changement climatique à l’Institut des Sciences Juridique et Philosophique de la Sorbonne, Directrice du GDR ClimaLex, Expert nommé à l’ANSES GT Phytosanitaires, Directrice et fondatrice du Réseau Droit et Changement Climatique ; et Jacques Testart,  Directeur de Recherche honoraire en biologie à l’INSERM, président d’honneur de la Fondation Sciences Citoyennes, membre du conseil scientifique d’Attac, co-président de la Maison des Lanceurs d’Alerte

Le vendredi 4 décembre 2020 à distance

La Convention Citoyenne pour le Climat (CCC) a mandaté 150 personnes tirées au sort pour définir des mesures permettant une baisse d’au moins 40 % des émissions de gaz à effet de serre d’ici 2030 dans un esprit de justice sociale. Cette expérience présente deux enjeux : construire un projet de société qui soit juste tout en intégrant la question écologique, et allier la démocratie participative avec l’expertise scientifique, sans s’y réduire et tout en préservant l’autonomie des citoyen·nes.

Jacques Testart (biologiste et penseur des conventions de citoyens depuis 2006) et Marta Torre-Schaub (juriste experte du droit du changement climatique) tenteront d’apporter, en dialogue avec le public, un éclairage sur la construction de la CCC et sur le devenir des 149 propositions qui ont été faites. Avec eux, nous nous interrogerons en particulier sur ses lacunes et ses succès (forcément partiels, quelques mois après le rendu de ses conclusions). Nous reviendrons donc sur les conditions de formation de cette assemblée, sur la pertinence des propositions au regard des enjeux climatiques, sur les suites données par le gouvernement, et sur leur inscription dans le droit actuel – qui n’a rien d’évident. 

Cette expérience, fort riche, amène en outre à se demander quelle est la légitimité des citoyen·nes face aux élu·es et aux juristes. Elle met également en jeu l’appropriation politique et citoyenne des connaissances scientifiques. Elle pose, enfin, des jalons pour évaluer s’il est souhaitable, ou non, de généraliser de tels exercices participatifs. 


Allons-nous continuer la recherche scientifique ?

avec Nicolas et Etienne, doctorants à Sorbonne U. et à U. Paris Saclay, respectivement.

Jeudi 5 novembre 2020 à Sorbonne Univeristé, Paris

Dans les années 1970 a émergé un important courant de critique des sciences porté par les scientifiques elleux-mêmes, tant sur la vie dans les laboratoires (Impasciences, Labo-contestation), que sur les conséquences sociales et écologiques de la recherche (Survivre et Vivre). En 2020, dans un contexte de crises sociale et écologique exacerbées, les problématiques qu’iels soulèvent sont plus que jamais d’actualité. Pourtant rien n’a réellement changé et l’héritage de ces critiques semble s’être en partie perdu.

Que pouvons-nous tirer de leurs expériences ? Comment prendre parti aujourd’hui en temps que scientifique ? On est un petit groupe de thésard-es/postdocs/ingénieur-es directement touché-es par ces questions, que l’on veut aborder d’un point de vue pratique pour dégager des perspectives concrètes. L’objectif de la discussion est de présenter nos positions actuelles et leurs relations avec celles de nos prédécesseur-es.


Face au désastre écologique, l’action politique actuelle est-elle à la hauteur des constats scientifiques – et vice-versa ?

avec Valérie Masson-Delmotte et Jean-Baptiste Fressoz. Avec: Valérie Masson Delmotte, directrice de recherche au CEA et co-présidente du groupe n° 1 du GIEC et Jean-Baptiste Fressoz, historien, chercheur au CNRS  et à l’EHESS

Vendredi 21 février 2020 à la Cité internationale universitaire de Paris

Cette séance inaugurale vise à interroger le hiatus entre le constat scientifique et sa traduction politique. La neutralité affichée par le Groupe Intergouvernemental sur l’Evaluation du Climat (GIEC) par exemple, au nom d’une objectivité chère aux scientifiques, ne conduit-elle pas à son désarmement et à une traduction politique fade, pour ne pas dire contre-productive (par exemple, avec ces trente dernières années de «développement durable ») ? Sur l’approche sociale et sociétale, la revendication d’une neutralité ne conduit-elle pas à privilégier certaines approches, projectives et mathématisées en particulier, supposément plus objectives, et ainsi à négliger la diversité des approches en sciences humaines et sociales ? Que peut apporter l’économie – qui apparaît comme le noeud du problème et de la transformation de laquelle dépend l’avenir écologique ? Lors de ce séminaire, des scientifiques engagés dans les questions environnementales viendront faire part de leur expérience de la traduction politique des constats scientifiques.